Anarchie et cohésion sociale chez les Toubou. Les Daza Kécherda (Niger).
1985. Cambridge : Cambridge University Press/Paris : Editions de la Maison des sciences de l'homme, collection "Production pastorale et société", 456 p. (ouvrage publié avec le concours du CNRS).
Les Toubou sont connus pour leur indiscipline et leur anarchie. Pourtant, l'anarchie chez eux n'est pas synonyme de désordre. Un examen approfondi des relations sociales chez ces pasteurs saharo-sahéliens montre que leur société s'auto-régule de façon très efficace grâce à un mécanisme particulier de cohésion sociale, lié dans une large mesure au système matrimonial.
L'alliance étant prohibée entre proches parents, le mariage toubou met en relation deux parentèles distinctes et largement étrangères l'une à l'autre. Le lien matrimonial entre ces deux groupes est consolidé, avant et après la cérémonie, par de très importants dons et contre-dons de bétail. Ces dons, entre parents et alliés, sont une des formes essentielles des rapports d'entraide. Entre parents, la solidarité économique se double d'une solidarité morale face à l'extérieur : vengeance de l'affront reçu par un parent et partage d'un sentiment commun de l'honneur. Dans cette société où le sens de l'honneur est très fort et sans cesse remis en cause, ce type de solidarité est loin d'être négligeable. La violence, comme le système matrimonial, active donc les relations d'entraide.
L'anarchie et la violence d'une part, et la forte cohésion sociale qui résulte du système matrimonial d'autre part, apparaissent comme les deux composantes essentielles, opposées et complémentaires, qui donnent à la texture sociale sa souplesse et sa fermeté.
Comptes rendus :
- 1985, par Robert BUIJTENHUIJS, Politique africaine, 19, p. 132.
- 1986, par Jean D'ARBAUMONT, Le Saharien, 96, pp. 29-30.
- 1987, par Camila TOULMIN, Man, 22, 3, pp. 570-571.
- 1988, par Constant HAMES, L'Homme, 105, pp. 134-135.